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vendredi 3 janvier 2014

Soral vu par le Lys Noir



Le apprentis putschistes antisémites du Lys Noir «se payent Soral» dans le dernier numéro de leur revue étudiante (AFU4) :

Soral : le dernier intellectuel de gauche. 

Alain Soral est anthropologiquement le dernier intellectuel de gauche... Comme eux, il a un avis sur tout. Comme eux, il n’a aucune spécialité à proprement parler, comme beaucoup d’entre eux, il a eu un parcours de jeunesse aux confins du cinéma, comme eux il a une vision universelle, réconciliatrice  et fraternelle pour le genre humain des damnés, sauf    avec les juifs «mais ça c’est peu de chose»... Comme eux, il a écrit quelques livres et il a plusieurs fois changé de genre : tantôt sociologue, tantôt géopoliticien, tantôt simple narrateur de lui-même ; comme les grands intellectuels de gauche de jadis, il est quelqu’un que l’on vient voir et auquel on demande son avis alors que l’on sait par avance qu’il dira des bêtises, comme eux, dès qu’il est   tracassé, il peut parler de dictature et de totalitarisme, comme eux il n’a pas son pareil pour habiter les idées des autres, comme eux il aime être  reçu à l’étranger pour s’y plaindre de la  France, comme eux, il est souvent tenté par le militantisme politique, comme eux, il n’insiste jamais beaucoup là-dedans... Comme eux, il a des supporters même chez     les petites gens, comme eux, il est reconnu  dans la rue et les ministres parlent publiquement  de lui... Aucun doute, Soral est bien le dernier intellectuel de gauche !



Soral : contrepoints à l’unisson

Dialogues désaccordés / Combat de blancs dans un tunnel… serait-ce le titre du second drame  posthume qu’aurait écrit Bernard-Marie Koltès pour que Jacqueline Maillan apporte au théâtre prétentiard l’âpre énergie du boulevard - et dont on viendrait de retrouver le manuscrit dans les papiers de feu Patrice Chéreau ? non : c’est celui donné au volume regroupant la correspondance informatique entre le président d’Egalité & Réconciliation et Naulleau, le directeur de la maison d’édition L’Esprit des Péninsules. Franck Spengler, éditeur du premier, a réuni ces deux solitaires intempestifs au nom d’une tradition bien française, celle de la conversation. Au fond, Eric Naulleau n’a rien d’un salonnard, voilà pourquoi il a chevaleresquement relevé le gant, car telle proposition se présentait bien comme un défi. Oui, un défi : nous ne doutions pas qu’Eric Naulleau - lecteur enthousiaste de Céline, victime du sycophante Haziza - fût homme de coeur et de parole ; restait à savoir s’il irait jusqu’au bout de sa logique, ou plutôt de son amour - pour la liberté d’expression, qui lui tient lieu d’absolu. Eh ! bien, sans se révéler un libéral conséquent - celui qui pense ( à bon droit ) que ses adversaires ont raison - le comparse d’Eric Zemmour n’a pas invoqué d’interdit moral, sincèrement convaincu que de la confrontation jaillit la lumière où se dissolvent fantômes et vampires. Aussi, c’est à une dispute virile qu’on assiste, non seulement au sens où les lutteurs ne se       ménagent point, mais en sus parce qu’aucun des duellistes ne se réfugie derrière des susceptibilités de femmelin à la première difficulté rhétorique. Malgré les dénégations de certain, à défaut d’un  happy end, l’ouvrage se conclut sur une communion de sensibilité, même d’analyse - et, s’il vous plaît - au niveau de la géopolitique internationale : la belle phrase de Proust sur l’amitié, moins affaire de conformité des opinions que de consanguinité des esprits, trouvait enfin ici une illustration contemporaine. A tel point que la joie d’Anne Rosenberg-Sinclair-ci-devant-Levaï-ex-Strauss-Khan, dont le capital pictural venait pourtant de s’élargir après la saisie d’un Matisse en Allemagne, s’en trouva gâchée. Le débat pour le débat, idéal creux de l’esprit libéral-démocrate, n’aurait pas de sens et c’est parce que l ’ a f f r o n t e m e n t Soral/Naulleau présente un résultat que Pierre Moscovici   n’a pas manqué de menacer le second à mots couverts sur le plateau de Thierry Ardisson, lui enseignant qu’ « on ne dialogue pas impunément avec ce genre de personnages »… dans le halo des projecteurs l’ombre de la matraque vallsienne déjà se profilait. Au fait, qui a tort ou raison dans   l’histoire ? résumons-nous : le monde moderne, au contraire du programme de Matrix, est une horreur bien plus réelle que virtuelle car nous n’y sommes pas tous encore  programmeurs dans le bureau d’une transnationale… il demeure pour autant indéchiffrable : impossible d’en avoir une vue synoptique sans sombrer dans la démence, nécessaire de n’en saisir  qu’une part pour fournir une critique efficiente. Alain Soral, qui n’est ni Canterville ni Dracula, qui ne lit plus de romans depuis des années - sacrifiant à l’urgence du combat une ressource essentielle de la pensée française – évoque bien cette objectivité relative de « la conscience du point de vue » : il a retenu la part politico-philosophique ; Naulleau, la part littéraire. C’est la passion du sport, à la fois secondaire et déterminante chez l’un et l’autre, qui aura servi de passerelle entre deux esprits, donnant sa métaphore à leur commune dialectique… si bien que pareil échange, entre un type caractériel sur les bords et un mec bravement simplet, ressemble à la série d’objections que se ferait intérieurement l’honnête homme ancien. Comme nous tous, arrivés au stade terminal de l’aliénation libéral-capitaliste, Soral et Naulleau sont des mutants. Aragon dépeint dans Les Beaux Quartiers ces hommes doubles d’avant 1914 qui, ne pouvant résoudre leur schizophrénie sociale, vont se précipiter dans la dissolution des tranchées. Ceux d’après 1945 sont des amputés auxquels les athlètes de handisport, les surfemmes qui veulent aller aux putes, les sodomites enceints - en tant qu’hommes augmentés, servent de double monstrueux. L’éréthisme soraliste et la frivolité naullelienne conjugués permettent au lecteur contemporain, moyen, normal, perdu dans le chaos de la décadence, de converser avec le Français total d’après la Révolution conservatrice. Dédié à Paul Gadenne & Dieudonné M’Bala M’Bala, ce livre est une promesse de l’unité française retrouvée, de sa civilisation, de sa société monoculturelle. Dans cette France cohérente, harmonieuse, unanime, il sera possible de rencontrer à nouveau des Pic de la Mirandole, des Erasme et des Rabelais.

Tristan Levasseur



1 commentaire:

  1. http://odieuxconnard.wordpress.com/2014/01/02/commencer-lannee-du-bon-pied-au-cul/#comments
    http://odieuxconnard.files.wordpress.com/2014/01/extrc3aame-final-2.jpg

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