Nombre total de pages vues

samedi 30 mars 2013

Soral contre Dufoing



J’ai attendu pour publier cette critique que l’auteur du texte incriminé, Frédéric Dufoing, me donne son accord et/ou me propose certaines modifications.  Je lui ai donc fait parvenir ce texte.

A ce jour il n’a pas répondu et, d’après une connaissance que nous avons en commun, il ne le fera pas.  Il a probablement de très bonnes raisons.  C’est dommage.

C’est dommage parce que j’aurais bien voulu savoir ce qui fait croire à FD qu’il suffit de montrer l’irrationalité d’un discours  idéologique pour le rendre inopérant et donc s’en débarrasser. 

Ce genre de conviction me semble du même ordre que celle de ces historiens qui,  en parlant du nazisme, croient, une fois qu’ils lui ont collé  l’étiquette de «totalitarisme»,  avoir ainsi démontré qu’une telle idéologie de peut pas à nouveau trouver preneur du fait «qu’on sait à quoi mène»  une telle idéologie quant elle est adoptée, en tout ou parties, par un peuple et/ou par ses élites.

Une boutade telle celle que l’on peut trouver ICI  a plus de sens que bien des arguments rationnels.   

N’avons-nous pas avec quelqu’un comme Alain Soral quelqu’un qui, de façon similaire à des agitateurs d’idées du passé  surfant sur des frustrations bien réelles, est à l’avant–garde  d’un discours idéologique qui a une  prise réelle sur certains esprits ? 

===

D'avoir  ICI  dit le bien que je pensais de l’article de Frédéric Dufoing (FD pour la suite) me permet donc maintenant d’en aborder la critique. 

J’ai bien conscience que cette «critique» peut elle-même être l’objet d’une critique. C’est donc plus une invite à la discussion qu’une sorte de critique ex-cathedra (telle qu’elle est pratiquée par 99% des blogueurs)  qui se voudrait «définitive».

Bien que le découpage que FD  a effectué me semble  inadéquat car  trop complexe pour ce qui n’est, après tout qu’une pensée «politique»  assez insignifiante (insignifiante comme «pensée politique» mais pas comme symptôme de l’insignifiance …) et simpliste , je suivrais son plan.  


Introduction

Le texte de Frédéric Dufoing n’est certes pas un «pamphlet» au sens d’un écrit portant une certaine charge de violence qui, pour défendre une cause, se moque, voire même calomnie une cause adverse, mais c’est tout de même un écrit polémique dans le sens qu’il cherche, à partir de ce qui serait une sorte de neutralité intellectuelle mal définie (FD indique «d’où il parle»  mais garde néanmoins la croyance qu’il peut se faire partie et juge malgré qu’il soit lui-même militant) à renvoyer les discours de Soral à leur fausseté ainsi qu’à leur nullité argumentative et donc, en quelque sorte  à leur «impossibilité», à leur inanité, à leur néant ; ce alors que le vrai problème n’est pas ici dans la vérité des propos mais dans l’écho que ceux-ci ont.

1 Les règles élémentaires du débat intellectuel

Après avoir indiqué deux types de règles élémentaires du débat intellectuel dans les domaines scientifiques et philosophiques, FD en ajoute un troisième qui, écrit-il, relève des «exigences de l'éthique et du fair play».

On pourrait discuter de cette typologie dans la mesure où on peut s’interroger sur le fait que ce troisième  type pourrait  tout aussi bien  être incluse dans la seconde au chapitre de «des principes d'honnêteté». En effet si on considère que «l’honnêteté» est forcément liée à une valeur externe relevant de la Morale au sens général ou d’une éthique particulière, on peut très bien penser que la règle numéro deux et la règle numéro trois n’ont aucune raison d’être dissociées. Ainsi un scientifique ou un philosophe dont l’éthique ferait qu’il ne recherche pas vraiment la vérité ou qu’il tente de la falsifier (Cela s’est vu …) n’est – c’est le moins que l’on puisse en dire - pas «fairplay». 

D’autre part FD écrit qu’un discours qui ne «respecte pas ces prescriptions élémentaires» n’est pas forcément «illégitime». Evidemment il faudrait, de façon plus large, poser la question de la légitimité. Mais, même sans ce faire, n’est-ce pas un peu contradictoire de poser qu’il faut respecter les règles indiquées (pour qu’une discussion honnête s’installe)  pour ensuite écrire qu’il peut être «légitime» de ne pas le faire ?  Position défendable mais position qui doit alors être déclarée et assumée comme telle.

Mais peut-être l’explication des raisons de ce que j’estime être un manque de clarté vient de ce que FD ne définit ni ce qu’est, pour LUI, un «discours d’idées» (Où commence et où finit l’idéologique) ni ce que LUI met sous le mot rhétorique.  Il écrit : «(…) le discours d'idées (…) est seulement rhétorique (…) il a pour but unique de convaincre et pas d'établir la vérité».  Outre que pour «établir la vérité», il faut souvent s’efforcer d’être convaincant, il n’y a aucune raison de s’imaginer qu’un discours pourrait être réellement convainquant s’il prend une autre direction que celle de la recherche de la vérité (Cela dépend aussi de la personne que l’on cherche et/ou à qui l’on s’adresse)

On pourrait également analyser cette question à la façon dont le fait  Michel Meyer dans son petit ouvrage sur l’argumentation   – livre dans lequel il s’intéresse aux ressemblances et dissemblances entre argumentation, raisonnement et rhétorique.  (Livre déjà signalé ICI

FD ajoute ensuite - ce qui semble être établi avec certitude pour lui - que «l'épistémologie contemporaine l'a montré, la vérité est toujours relative à un certain dispositif de croyances». 

Bien qu’il soit possible que FD n’ait pas voulu réellement défendre cette assertion dans toutes ses conséquences, je m’inscris pour ma part en faux contre celle-ci car je crois que ce genre d’assertion conduit tout droit au relativisme philosophique et/ou au constructivisme ; positions ô combien discutables.

De cette certitude FD déduit qu’il faut donc obligatoirement ( ?) dire «d’où l’on parle».  Et je ne suis, là également, pas très convaincu. 

Je ne le suis pas quand un certain marxisme orthodoxe (ou étroit) attache trop d’importance à cette idée (de connaître l’endroit d’où l’on parle) car il croit fermement que notre vue-du-monde dépend essentiellement de la place que l’on occupe dans le monde social ; je ne le crois pas plus quand FD, lui, parle de «valeurs».

Si les «valeurs» auxquelles chaque partie se réfère peuvent - suivant le relativisme posé au départ - être relatives, on ne voit pas bien – une fois dévoilées et constatées, pour certaines, comme étant inconciliables - comment le «débat» pourrait véritablement «avancer» et même exister.    

Il est ainsi quasi impossible à un rationaliste (au sens de quelqu’un qui accorde une grande valeur à la Raison) de discuter bien longtemps avec quelqu’un qui défend une philosophie irrationaliste.

Cette remarque n’est pas anodine ici car je pense que dans le cas Soral, nous sommes justement confronté à quelqu’un qui, tout en tentant de rationaliser son discours, est «inspiré» par un fond irrationaliste (le ressentiment face à ce que sa paranoïa désigne sous le nom de  «sionistes» parce qu’il n’ose pas (toujours)  dire «juifs»).

Enfin si cela peut être un choix défendable de dire «d’où l’on parle» - de fait, bien souvent,  «qui l’on est socialement» et «quel est notre cursus» -, j’ai tendance à penser qu’il y a souvent là un recours à une forme d’argument d’autorité.  Ne peut-on pas penser que les raisons qui poussent FD à avancer, sans forcément en avoir conscience, cet argument (d’autorité),  viennent peut-être du fait qu’il est dans l’enseignement et qu’existe chez lui, comme chez bon nombre de ses confrères, une forme d’anti-égalitarisme inavouable qui lui fait croire qu’il existe une coupure facilement délimitable entre ceux qui auraient (la seule véritable) autorité à parler et ceux qui en auraient moins ou pas du tout.


II Le règne de la mauvaise foi

L’essentiel de cette deuxième partie consiste pour FD à fournir un exemple probant que l’abandon des règles prescrites en 1 conduit à la mauvaise foi.

Ceci est incontestable.

La question que je me suis tout de même posée, en tant que lecteur, est celle-ci : Tout comme le fait  un «Saidchomsky» quand, sur le mode «p’tit prof», il corrige  «l’élève» Zemmour à propos de certains faits historiques, pourquoi FD prend-t-il comme exemple de sa démonstration un débat entre le Président Sarkozy (et Monsieur  Copé) et Tariq Ramadan ? Pourquoi ne prend-t-il pas plutôt comme exemple,  comme je l’ai fait, le débat entre Caroline Fourest et Tariq Ramadan ? Soit un débat entre deux intellectuels fortement médiatisés et dont les positions sont clairement antagonistes (la Laïque face au Croyant) ?

En effet,  une comparaison  entre les procédés rhétoriques du premier (Sarkozy) et ceux  du second (Ramadan) n’a pas grand sens dans la mesure où ils n’appartiennent pas au même «champ» (au sens bourdieusien)  linguistique quant bien même ils occupent momentanément le même media.

Si le second ne respectait pas les règles édictées plus haut, il risquerait de perdre auprès de ses pairs ce qui constitue son autorité à parler. Autrement dit s’il  transgressait ces règles, il pourrait peut-être au final remporter l’adhésion du plus grand nombre des spectateurs, mais il perdrait alors le respect  de ceux dont il est vital pour lui qu’il le garde. 

Dans le cas de Sarkozy, c’est presque l’inverse. Même s’il a bien compris ce que Tariq Ramadan disait et est peut-être convaincu en son for intérieur que son contradicteur a raison, il ne peut publiquement l’admettre. Ce surtout s’il vise cette partie de l’électorat du Front National pour qui un intellectuel musulman, aussi brillant soit-il, reste un musulman et donc quelqu’un à présenter sous un mauvais jour.

J’ajoute enfin que je ne partage pas le pessimisme qui semble sourdre à travers la description que fait FD de l’opinion publique (Pour une bonne compréhension de ce que recouvre la notion «d’opinion publique», voir ICI

FD parle des téléspectateurs  - ramenés ici à une sorte «d’opinion publique» test - comme s’ils étaient une masse uniforme toute prête à, comme une foule, se laisser convaincre non pas par le plus honnête intellectuellement mais par celui qui serait le plus offensif dans son discours (on y reviendra à propos de Soral). Or si les téléspectateurs sont «passifs» devant leur écran, ils ne le sont pas forcément en leur for intérieur. A côté du petit pourcentage de partisans inconditionnels de l’un ou l’autre des personnages, il y a un public dont rien n’autorise à dire, sauf pétition de principe et/ou dangereuse dérive antidémocratique, qu’il n’est pas sensible à la Vérité d’un discours.

Au passage et à propos des arguments qui, parce qu’ils seraient conformes aux règles indiquées plus haut, feraient la victoire du «camp de l’intelligence» (dixit FD), je ne trouve pas que celui qu’avance FD  en faveur des deux politiciens, soit  très convaincant. En quoi le fait, effectivement vrai, que dans le monde musulman, le pouvoir soit beaucoup plus diffus que dans le monde catholique (mais cette différence n’étant certainement pas aussi nette que FD semble vouloir le dire, surtout si on ne raisonne pas uniquement en termes de «pouvoirs politiques») empêcherait de proposer un moratoire ?  En quoi serait-ce un argument à charge contre Ramadan ? La question reste ouverte et non fermée comme semble le croire FD.

III Pourquoi analyser les discours de Soral ?

FD nous annonce péremptoirement que les «procédures de mauvaise foi se sont généralisées pour former un système qui occupe toute la sphère du débat public». (C’est moi qui souligne).

C’est plutôt là un discours de militant ; un discours beaucoup plus subtil que celui que tiennent les extrémistes de tous bords qui luttent, disent-ils contre le «Système» mais un discours tout de même simplificateur qui, en dénonçant ainsi tout ce qui se fait en matière de communication dans nos démocraties, donne de l’eau aux moulins de ces mêmes extrémistes. Ce d’autant plus que s’y ajoute chez FD un aspect décliniste (la mauvaise foi irait en augmentant …) ou décadentiste.

Ce discours «militant» se confirme par le fait que FD semble vouloir dénier à Soral le qualificatif de «dissident». Or, qui peut reprocher à quelqu’un de ne pas être dissident (ou de ne pas l’être assez) si ce n’est celui qui se considère comme tel et en tous cas plus qu’un Soral ?  

Je crois que FD à partir de là s’écarte de ce qu’il veut démontrer : La mauvaise foi «foncière» de Soral ne ferait s’augmenter la mauvaise foi globale que FD voit donc partout  (sauf donc peut-être chez lui-même ?). Or je ne suis, pour ma part, premièrement pas aussi persuadé que semble l’être FD que Soral serait - comme tous ceux qui participent aux débats publics, dixit FD - délibérément de «mauvaise foi» ni par ailleurs que cette mauvaise foi serait un phénomène nouveau,  endémique et en augmentation constante.    

Que Soral soit malhabile à articuler de façon cohérente ses convictions irrationalistes et qu’elles semblent donc souvent contradictoires est une chose, dire qu’il en est ainsi uniquement parce il ne respecte pas les règles habituelles qui conviennent aux débats n’est, à mon avis, pas suffisant.

Mais reprenons dans l’ordre le plan de FD   

En (1) donc FD dresse un portrait de lui-même ; études,  convictions principales, parcours politique, etc  car il veut, que les lecteurs sachent «d’où il parle», et en relativiste qu’il est, exposer ainsi au grand jour quelle est sa «grille de lecture».

A ceci deux remarques. La première est qu’il ne devrait pas imputer à Soral ou à d’autres certaines contradictions puisqu’il en a lui-même dans ses choix politiques partisans. On ne peut pas, par exemple  – pas seulement pour des raisons de cohérence mais pour être pris au sérieux -, écrire «je hais  l’Etat» et dix lignes plus loin dire que  l’on voit la solution du conflit israelo-palestinien par «la construction d'un État unique, laïc, fédéral (…)».

Je ne m’attarde pas sur la condescendance polie que le langage, du  «bourgeois moyen» d’origine, trahit lorsqu’il parle de ses élèves «armuriers, maçons, coiffeuses, jardiniers»  - quand FD écrit qu’ils lui auraient beaucoup appris sur «l'autonomie, la noblesse d'âme et l'esprit critique». Ce comme si, sorte de «naturalisation»  de l’être social, cette différence d’origine sociale et/ou de milieu social impliquait obligatoirement une  éthique différente. Ce qui n’est pas démontré (Ici FD, comme certains gauchistes l’ont souvent fait, semble essentialiser le statut social  - i.e. faire une sorte «d’ouvriérisme»)     
La seconde de ces remarques concerne cette présentation.

Loin de moi l’idée qu’il ne faudrait pas présenter ses titres universitaires dans certains cas – surtout s’ils sont réellement mérités -mais je crois que dans le cas présent, qui est tout de même une polémique (entre militants), cela ne donne aucune valeur ajoutée à ce qui est dit et ce peut même devenir une sorte d’argument d’autorité. Comparativement, comme je l’ai fait remarquer ici,il faut une forme de courage à Alain Soral pour avouer qu’il n’est même pas bachelier. 

Sur les orientations politiques de FD et sur les divers auteurs dont il dit qu’ils sont beaucoup pour lui, il y aurait beaucoup à développer mais, bien que cela aide à comprendre le reste, ce n’est pas le sujet ici

Sur le point (2) (Pourquoi le personnage de Soral est intéressant et pourquoi il est nécessaire de démonter ses logorrhées ?) FD est extrêmement prolifique. On sent qu’il est un peu fasciné  par le personnage (je n’ai aucune gêne à parler ici de «fascination» puisque j’ai moi-même avoué, ici, l’être aussi). Il avoue d’ailleurs avoir visionné  toutes ses vidéos (Exploit d’ordre masochiste ; auquel, personnellement,  je ne suis pas arrivé).

La première accusation de FD envers Soral est principalement son désir de paraître - et les images de lui qu’il veut donner ; viril, cultivé, observateur lucide, guide et gourou - et ce qu’il appelle sa «vulgarité». 

Mais FD ne s’arrête pas là. Il ne se contente pas de dire que la «psychologie» de Soral lui déplaît, il n’hésite pas à parler, tout en avouant qu’il n’est pas compétent, du DSM V, soit de troubles mentaux ! 

FD dépasse là, les limites qu’il s’était lui-même fixées. Vouloir «psychiatriser» un adversaire – ou quelqu’un avec qui on est en conflit - n’est, de toutes façons, pas honorable. Sauf erreur dont j’attends qu’il me fournisse aimablement la preuve, je crains d’ailleurs que de sa part, ou de celle d’un de ses amis politiques, cela n’ait été une récidive …

Vient ensuite, par une liaison trop alambiquée pour être sincère, l’accusation (portée contre Soral) d’être «intéressé». Soral vend des livres et son site fonctionne. J’avoue ne pas bien comprendre quel mal il y a à ça – sans compter qu’il faut prendre en compte le libre choix de ceux qui achètent ou pas (Personne ne les y oblige). FD perçoit, j’imagine, un salaire pour ses prestations éducatives (que l’Etat lui verse si ce n’est des fonds privés). Il est donc libéré du souci du lendemain pour ce qui est d’un revenu assuré régulièrement. Peut-il donc comprendre que celles et ceux qui ne sont pas appointé(e)s par des fonds privés ou publics puisse essayer de vivre de leur travail (ici «intellectuel») ?

J’écris «alambiquée» car le reproche de vénalité que FD adresse à Soral vient se mêler de façon pas très claire à ce qui semble être une accusation vers ce que FD appelle une «ethnie» particulière. Bien évidemment je ne suis en train de dire que FD reprendrait à son compte le stéréotype raciste et antisémite de Soral. Ce que je trouve un peu choquant est l’utilisation de ce mot «d’ethnie»  car il est encore trop souvent le pendant euphémisé du mot «race».

FD posait une question ? Il aurait dû s’abstenir de répondre, surtout à l’aide d’un tel mot (mot qu’il  emploie hélas à nouveau plus loin). 

FD reproche ensuite à Soral la forme de son christianisme. Il l’oppose au sien – «celui de l'Ève de Péguy ou des prières de Francis Jammes».  Il faudrait qu’il nous explique si celui de Ellul – auteur qui est une de ses références - a aussi son agrément car alors – si le christianisme peut donc être vécu de nombreuses façons -  FD devrait, en toute logique, admettre que ce qui est admis pour l’un doit être admis pour l’autre.  

Plus juste me semble être sa critique de Soral quant à «l’utilisation du pardon chrétien». 

FD en arrive au point 3 («quels buts je poursuis»). Ensuite détaillés ces buts se résument à dire en quoi la «dangerosité» de Soral ne peut pas être négligée. Sur ce point je lui donne entièrement raison. 

J’avais d’ailleurs écrit à une certaine époque quelque chose de semblable à l’un des proches de FD (au point de provoquer une fâcherie …) sans en avoir d’écho. Je me réjouis donc qu’il en soit maintenant ainsi. Il est en effet toujours réjouissant de voir que certains adversaires  d’hier se rangent à votre opinion. Même si c’est tardif …

Sur la mauvaise «influence» qu’ont les «galimatias idéologiques» de l’agitateur d’idées, j’ai déjà dit, sur ce blog, ce que j’en pense. Je ne vois pas, par contre, la sorte «d’excuse»  - FD semble la présenter un peu comme telle - à être perméable à ces derniers dans le fait que ces jeunes seraient «légitimement écœurés par l'air du temps» (i.e. toutes les formes d’attaques politiques et médiatiques  contre l’Islam ou, plus stupide contre les populations d’origine arabe). 

L’islamophobie ne peut en aucun cas être une excuse à la judéophobie.

Je ne crois pas non plus que les excès d’un «imbécile respectueux»  à tendances paranoïaques puissent disculper d’autres d’erreurs de compréhension sur la question israelo-palestienne. La fausseté d’un discours extrémiste ne dédouane pas de sa fausseté un discours plus modéré.

Sur la stupide accusation d’antisémitisme dont FD a été l’objet, on peut tout de même lui faire remarquer que certains militants de «l’anti-sionisme» devraient mieux balayer devant chez eux s’ils ne veulent pas prêter le flanc à de telles accusations.

Mais j’en arrive à un autre point qui me paraît troublant. FD écrit que les propos de Soral amènent une «terrible confusion dans le débat politique et moral aussi bien concernant la politique internationale que des questions de politique interne ou de méta-politique» (On sent avec ce dernier mot l’influence de la ND sur FD). Mais de quel «débat» parle-t-il exactement, est-on en droit de se demander. 

La réponse est dans son texte. Soral, d’après FD, «affirme certaines choses qui (lui) semblent justes et avérées». Pourquoi FD ne nous dit-il pas de façon plus précise ce qui lui semble «juste et avéré»  dans ce que dit Soral ?  Les lecteurs de FD doivent-ils le deviner (en prenant le risque s’ils le devinent que FD réponde qu’il n’a pas dit ceci ou cela) ?

Et plus fondamentalement pourquoi FD ne s’interroge-t-il pas sur cette concordance d’idées entre Soral et lui qui, via une fraction d’un courant d’idées comme celui de la nouvelle droite, a pourtant une certaine logique ?  

Je passe rapidement sur  - ce qui «énerve» FD - les «emprunts» que Soral fait à divers auteurs car je pense que cela, le plus souvent, relève chez ce dernier, d’un simple name-dropping (Je n’ai jamais entendu Soral faire une seule analyse ou présentation un peu développée  d’un des auteurs qu’il cite).  

Je ne crois pas, par ailleurs, que Soral  «prétende»  réellement avoir «découvert» certains de ces auteurs (Bien que FD récuse plus loin l’idée que certains puissent être plus propriétaire que d’autres de certaines idées, c’est pourtant ce qu’induit sa remarque).   

Soral est phraseur et un combattant. Il prend ses «munitions»  là où il croit les trouver. Ce qui «gêne» FD, me semble-t-il, est surtout le fait que Soral utilise des auteurs qui lui sont chers … 

Je ne peux pas passer, par contre, sur l’idée que Soral «devrait beaucoup» (même si FD précise qu’il s’agit uniquement de l’analyse des medias) à Pierre Bourdieu et à un de ses meilleurs connaisseurs, Alain Accardo.  Bourdieu et Soral sont tout simplement intellectuellement incompatibles. Il y a un abîme entre celui qui fut un rénovateur de la sociologie et un petit essayiste qui se prétend  «sociologue».  Soral n’a d’ailleurs pas manqué (Voir ICI avant-dernier paragraphe) de préciser qu’il se situait en opposition franche (*) à ce qu’il appelle la «sociologie officielle»

(*) On peut remarquer ici que le «pape de la nouvelle droite» (l’un des inspirateurs du discours soralien) - lui si habile par ailleurs  (en tous cas bien plus que Soral) à tenter de récupérer de véritables intellectuels  pour les intégrer dans un discours cautionnant ses thèses - n’a jamais pu, contrairement à ce qu’il a tenté de faire avec certains intellectuels dits «de gauche»,  «récupérer» Bourdieu.  Alain de Benoist, par les idées qu’il a – notamment en ce qui concerne les formes de communautés qu'il pense souhaitables –  ne pouvait, de toutes façons ni comprendre Bourdieu, ni, encore moins approuver les conceptions de Bourdieu sur le vivre en commun et sur la sociologie.
     
Sur la dangerosité de Soral FD ajoute enfin qu’elle viendrait que «toute confrontation argumentée, toute problématisation et toute proposition de solution y soit noyée dans un jeu de signes, de classements au sein duquel il faut s'affilier (…)» (**). Ici ce qui ne devrait être que descriptif devient chez FD négativement normatif. Soral est idéologiquement orienté. Il mène un combat. Il n’est donc pas illégitime de sa part de jouer avec le système de classements et de signe (il en joue même très bien). La dangerosité de Soral n’est pas là, elle est dans le contenu du message ou, si l’on préfère, cette dangerosité (dans la mesure où on estime qu’il est dangereux et donc proscrit de le faire – ce que je ne crois pas) à jouer avec les systèmes de classements  n’est que seconde par rapport à la première. 

(**)  FD dénonce au passage la pauvreté des débats sur internet et je ne lui répondrais pas ici car c’est une question plus générale et ce n’est pas l’objet de cette réponse. Espérons simplement qu’avec moi, il relèvera le défi …

En dernier lieu, et  pour cette première partie,  FD attribue à Soral une «technicité prodigieuse» du fait qu’il sait user et abuser habilement de la forme vidéo pour diffuser ses idées. Il est certes, comme bien d’autres, beaucoup plus habile que, par exemple un Jean Robin (qui n’a pas encore saisi aujourd’hui à quel point le voir bafouiller en personne dessert ce qu’il veut dire …) mais je ne vois pas en quoi  il serait à mettre à l’actif de Soral le fait que cette diffusion est, en nombre, importante. De plus, il suffit de regarder les chiffres sur YT ou DM pour voir que nombreuses sont les vidéos ayant une audience bien plus importante que celle du petit guru.    

Je n’emploierai donc pas, pour ma part, l’excessive formulation ci-dessus. Certes Soral est un parfois un habile bretteur mais  dès qu’il rencontre quelqu’un capable de luirépondre sur le même ton, il n’a pas forcément le dessus.  Et ne parlons pas de ses ridicules vaticinations autistes mensuelles qui semblent n’exister que pour que son troupeau de suiveurs sache «ce qu’il faut penser» (***) de l’actualité à travers le prisme du soralisme.

(***) Avec un peu d’habitude, il doit être facile de deviner de quelle façon le petit guru va interpréter tel ou tel événement. Je me suis «amusé» à le faire pour ce mois de janvier et c’est sans surprise que j’ai entendu ce qu’il faut penser d’après le « professeur » Soral …

Sur le manque d’originalité de ce qui fait fond dans le discours de Soral, je suis évidemment d’accord avec FD. Bien que, tout comme petit son frère ennemi débile l’inénarrable Jean Robin, il le nie  farouchement, c’est un discours typiquement d’extrême-droite (Complotisme, désignation d’un bouc émissaire, négation de la division politique au profit d’une entité particulière plus ou moins mythifiée, etc, etc).  

Suit alors une présentation, de ce que va faire FD dans la suite de son article, et une précision.

Sur le démontage des procédés rhétoriques de Soral que FD opère, je ferai simplement deux remarques.  

La première est à propos de ce que FD dit du discours de Soral  qui serait « délétère parce qu'il souille de nobles combats et de belles révoltes (…)». J'ai pour m part du mal à admettre cette formulation du fait de ce qu'il implique (Le terme de souillure implique l’idée qu’il pourrait exister des combats «purs». Ce qui est très discutable). 

Soral serait donc un corrupteur de combats nobles et de belles révoltes. Passons sur l’idéalisme que de tels adjectifs révèlent chez celui qui les utilise. La question que l’on peut en réalité se poser est de savoir : comment donc est-il possible que ces combats et ces révoltes puissent être «souillés» ? 

N’est-ce pas parce que certains courants de gauche sont, de par les idéologèmes dont sont faits leurs discours, perméables à un discours du type que celui que Soral défend ? Même au risque que l’on m’accuse de dire une banalité, ai-je le droit de rappeler que le fascisme et le nazisme ont certaines de leurs racines idéologiques à gauche et qu’il n’est donc pas très étonnant qu’aujourd’hui encore des transfuges existent ?  

La seconde (remarque) est sa déclaration selon laquelle son «objectif est … moins de rétablir une vérité quelconque concernant les débats dont il se saisit et qu'il exploite que de démolir la sophistique soralienne». J’aimerais qu’il m’explique en quoi ces deux objectifs seraient séparables et/ou en quoi le premier ne prime par sur le second. En effet, je ne vois pas comment on pourrait «démolir la sophistique soralienne» sans en même temps (justement !) détruire les idées qu’il défend (Je pense ici en particulier, bien évidemment, à la saloperie morale qu’est sa défense du négationnisme).  

===

PS de la première partie : 

FD croit nécessaire de préciser qu’il ne porte pas de jugements à priori sur le contenu des livres de Soral mais uniquement sur certaines des vidéos qui l’ont fait connaître. 

Cette précaution oratoire est honorable mais je crois que, ce sur quoi elle repose - la distinction entre oralité et écrits de Soral - est illusoire dans le cas de ce dernier. 

Soral, quand il écrit, n’accède pas à ce registre d’énonciation qui fait la différence entre, ce que l’on dit parfois sans avoir réfléchi suffisamment auparavant, et ce que l’on est capable d’écrire pour qu’il s’agisse d’une pensée véritablement originale ou même simplement d’une pensée. 

Soral n’est que le réceptacle d’idéologèmes explicables en grande partie par son parcours. Ils lui sont consubstantiels et le fait qu’ils les disent ou les écrivent n’en change pas la teneur. 

S’il fallait, pour s’assurer de la réalité de leur médiocrité lire tous ceux à qui internet à fait croire qu’ils avaient une «pensée » originale et qui, après s’être exprimés sur la Toile, s’imaginent écrivains (un bon exemple est ce pauvre Jean Robin), nous serions obligés non seulement de passer des heures à visionner des vidéos plus ou moins ineptes mais en plus à consacrer le temps qu’il nous resterait à lire des livres insipides. Ce que je ne souhaite à personne.    

===

Je ne vois rien, dans cette deuxième partie, que quelqu’un d’habitué à raisonner d’une façon logique ne puisse approuver. On ne sait pas si Soral est délibérément un falsificateur de la logique ou s’il n’a pas la possibilité de se rendre compte par lui-même à quel point ses enchaînements sont boiteux mais le résultat est effectivement qu’on a là un  «gloubi-boulga dialectique». FD s’est amusé, probablement dans un but pédagogique, à détailler les ingrédients et leur attribuer un nom. Muni de mon Perelman  j’aurais pu en faire autant mais, étant donnée l’évidente pauvreté de la « pensée» de Soral,  j’ai pensé que c’était prendre un stradivarius pour interpréter une scie …

IV L'argument ad hominem abusif : Soral et Tariq Ramadan

FD analyse en détail et démonte avec brio un des «arguments» qu’emploie Soral pour délégitimer Tariq Ramadantoute personne se plie à celui qui la paie, à celui dont elle dépend») ; ce, en partie, en montrant que l’on peut retourner cet «argument» contre lui (Ce qui, en toute logique, sape la critique de cet argument car un argument ne peut être à la fois vrai et faux). Mais ce que FD veut probablement dire est que ce «schéma» démonstratif-argumentatif  de Soral est «débile» car réducteur.

Je suis entièrement d’accord.

La question que je me pose est de savoir s’il était besoin de cette longue démonstration pour démontrer l’inanité de ce que raconte Soral et son hostilité à Tariq Ramadan alors qu’il y a une explication bien plus simple

On aura noté au passage une étrange affirmation de FD  «la Grande-Bretagne est un État qui défend le mondialisme». FD pourrait-il nous expliquer comment et pourquoi un Etat «défendrait» une idée qui conduit à son propre anéantissement. On peut, en effet,  certainement reprocher beaucoup de chose à «l’impérialisme britannique»  mais le qualifier de «mondialiste» me semble farfelu ou il faudrait que FD nous explique plus clairement ce que le terme «mondialisme» signifie pour lui.

Enfin je récuse la vision d’une sorte de  Bourdieu «utilitariste» (Qui est celle, en partie, d’Alain Caillé) que FD semble défendre.

V La généralisation abusive : Soral et Mélenchon

Dans cette partie FD aborde deux points forts différents. Le second concerne, comme le titre de ce chapitre l’indique, la généralisation abusive. Il va  de soi que FD a raison. 

Il est beaucoup moins convaincant pour ce qui concerne le premier point. Ce qu’il dénomme  «sophisme de la légitimité par la ressemblance ou par la participation». J’avais moi-même  déjà dénoncé ceci sur un mode ironique ici (Voir à partir de «une série de bons gros poncifs idiots»).  Mais je dois préciser ce que «cachait» mon ironie.

S’il semble à priori stupide de penser que pour comprendre un phénomène ou une situation il faille obligatoirement l’avoir vécu soi-même, il est absolument évident que de l’avoir vécu «dans sa chair et dans son sang » apporte un plus dans cette «connaissance». Ainsi les douleurs de l’accouchement  qui, si elles peuvent être imaginées pas les hommes, ne sont – bel exemple - jamais vécues par eux.  

VI Une optique sectaire : Soral et les anarchistes

Dans ce chapitre je suis dans l’expectative quant à ce que FD a voulu démontrer. Si c’est que Soral n’est pas seulement un sale con particulièrement débile d’être antisémite (*) en 2012 comme on pouvait l’être du temps de Bakounine, nous sommes d’accord. Soral est un con de - comme son ex-ami Blanrue (Compilateur d’un recueil de citations antisémites) - ne pas prendre en compte l’historicité des concepts.   

(*) on notera au passage que FD change, à propos de Soral, le mot «d’antisémite» en «antijudaïque». Ce, alors que plus loin, il le qualifie bien d’antisémite

Ceci dit je m’interroge tout de même sur le reproche que FD fait à Soral concernant son manque de courage à «assumer» son antisémitisme. Sérieusement qui se risquerait  aujourd’hui – ne serait-ce qu’à cause des Lois – à «assumer» publiquement son antisémitisme ?  Bakounine est ici un pare-feu dialectique pour Soral. C’est une technique rhétorique très grossière sur laquelle il est inutile de s’attarder.

Quand on visionne la vidéo indiquée, on se demande d’ailleurs si Soral est réellement aussi dupe que FD semble le croire, de la faiblesse de cette petite technique. Soral a peur que cette étiquette lui «colle à la peau» (il a également peur de prendre des coups …). Il se défend … maladroitement. Il y a là juste la preuve que Soral 1) a peur, 2) qu’il est, contrairement à ce que prétendent ses défenseurs et parfois hélas ses critiques, un bien pauvre rhéteur

Pour ma part ce qui m’a vraiment choqué dans cette vidéo, ce sont  surtout les graves accusations que Soral porte contre Jann-Marc Rouillan.  Etant donné ce que ce dernier a vécu   c’est tout simplement crapuleux de la part de Soral. Il vaudrait mieux pour ce dernier qu’il n’allât jamais en prison ; là où certains propos, contrairement à ce qui se passe au dehors, peuvent vous valoir une sévère (et réelle …) correction.

VII Collage d'impressions et mort de la critique historique : Soral et le judaïsme

FD ouvre ce chapitre par l’idée que Soral «sacraliserait le texte et la parole» - nous allons y revenir – et que cette «sacralisation»  ferait que, pour ce dernier, le texte serait « performatif». Il ajoute que c’est étonnant de la part d’un sociologue et le serait moins si cela venait d’un philosophe.

On ne se lassera pas de le répéter. Soral n’est PAS un sociologue. 

Quant à croire, comme semble le faire FD, qu’un philosophe est quelqu’un dont le discours se veut performatif, nous ne devons pas, là également, avoir la même définition du mot «philosophe» ...

Cette fois encore, et toujours (hélas) à l’exemple du petit «historien» SaidChomsky FD décortique les affabulations de Soral quant à la connaissance que ce dernier aurait du judaïsme et/ou du sionisme.

Je n’en vois, pour ma part, pas l’intérêt.

N’importe qui ayant un minimum de connaissance sur ces deux sujets ne peut que se désintéresser de ces propos de présentateur télé chômage. Soral ne sait tout simplement pas de quoi il parle.

Au passage j’ai noté - Je ne sais pas si c’est un trait d’humour ou pas – que FD utilise un mot que Soral utilise lui aussi mais sans en comprendre le sens. FD écrit : «la lecture soralienne est davantage inspirée par l'épistémologie du personnage principal d'Orange mécanique que par celle d'un érudit et d'un homme de bon sens». L’épistémologie désignant soit la philosophie qui soutient des sciences, soit, plus généralement, le discours sur les théories de la connaissance, je ne vois pas très bien quel rapport il y a entre les salmigondis de Soral et de telles théories. 

De même, en réalité, pour le terme de «sacralisation» qui me semble être inadéquat pour ce qui concerne la démarche de Soral qui est une démarche essentiellement «politique» dans son aspect le plus abject : l’exclusion d’individus en fonction de leur (supposée) origine commune. 

Ensuite FD aborde la question qui  intéresse si manifestement deux crétins d’extrême-droite (un Blanrue et un Robin) – qui était antisémite avant 1945 ? – mais apparemment sans voir, tout comme les susnommés, qu’avant toute discussion sur ce sujet, il faudrait commencer par montrer que le mot antisémite ne peut pas être mis en équivalence de sens suivant l’époque à laquelle il a été utilisé et en tous cas pas de la même façon avant la Shoah et après.   

FD, poursuivant son idée de dénoncer les sophismes de Soral, retient celui de «l'argument du nombre» ; argument qu’il qualifie – je ne comprends pas bien pourquoi  - de «misérable». Or si, effectivement ce n’est pas un argument quant à la vérité d’un fait, ce peut être tout de même en être un - à moins de rejeter totalement le suffrage universel et donc emprunter la dangereuse pente de l’antidémocratisme - dans un certain cas.   

FD se montre plus convaincant quant aux (grossières) techniques langagières que Soral emploie fréquemment. Sauf pour certains esprits frustres,  il est clair que Soral tricote son discours en mélangeant de très vagues connaissances livresques et des événements de l’actualité, récente ou pas, qu’il a retenus. Croire qu’il y a là quelque chose de construit et de solidement argumenté est une plaisanterie. 

Ici aussi faire un démontage du discours soralien à partir de la description de ce que seraient des procédés rhétoriques opérationnels me semble superfétatoire. Soral est un bonimenteur. Il se fiche de la forme «académique» de ce qui pourrait être des arguments pour sa cause. 

VIII D'une analogie absurde à une causalité malhonnête : Soral et la guerre contre l'Iran

Dans ce chapitre, FD démonte de façon détaillée le discours  sophistique que tient Soral dans  son entretien de septembre 2012.  J’écris bien «le discours  sophistique» et non une  sophistique car nous sommes ici en présence d’un démontage de quelque chose de bien inférieur sur le plan intellectuel à ce que serait le démontage d’une sophistique plus élaborée telle celle dénoncée àjuste titre par Bouveresse  à propos de «l’Affaire Sokal». 

Il faut l’avouer, c’est ici la partie la plus amusante de l’article de FD ; meilleure parce que FD exagère. Il s’amuse à pousser jusqu’à l’absurde les pseudo démonstrations du pseudo intellectuel qu’est ce brave garçon

A lire avec quelle facilité FD montre l’inanité et l’illogisme du discours soralien, on en vient tout de même à se demander quelles raisons poussent FD à le faire et à le faire de façon si poussée. Ne dit-on pas que qui veut trop prouver ne prouve rien ? 

En d’autres termes en lisant cette longue, très longue, trop longue démonstration, j’en suis venu à me demander si, derrière ce jeu de démontage systématique qu’il fait, FD, ne voulait pas, du fait du doute qui se serait insinué sur certaines questions (rappelons ici que  FD  trouve qu’il y a des choses «avérées et justes» chez Soral), se persuader lui-même que la «vérité de Soral» n’avait absolument aucun fondement ; bref s'il n'aurait pas fabriqué ici, à son tour, une sorte de  pare-feu dialectique... 

Evidemment j’exagère à mon tour. FD ne croit pas au discours idiot de notre petit gourou politique d’extrême-droite mais la question se pose  tout de même de savoir à quoi, lui FD, croit sur le plan politique

Ainsi seraient peut-être plus claires d’une part les raisons qui font qu’il ait pu écrire qu’il trouve que chez Soral certaines choses sont «avérées et justes» et, d’autre part, s’il n’y a pas, lui, du fait de ses croyances et de son système de valeurs –  il faut se rappeler qu’il défend le relativisme – une faille dans sa critique de Soral ; ce qui fait que celle-ci n’a pas la puissance de persuasion que FD croit qu’elle a.  

IX Rupture déontologique et contradiction : Soral et les Pussy Riot

Là encore on ne peut que féliciter FD pour, dans cet exemple, précis, son démontage des racontars soraliens.

J’ajouterais, pour ma part deux remarques.

Je l’avoue sans honte, ne m’intéressant que très peu à l’actualité immédiate, je n’avais jamais entendu parler des « Pussy Riot » avant de lire l’article de FD.  La question que je me pose est donc celle-ci. En quoi répondre en détail sur un tel point à Soral n’est-il pas une façon de se focaliser sur micro-événement pour lequel n’importe quelle interprétation, aussi bien celle proposée par Soral que celle de n’importe qui d’autre, répond à un besoin d’explication.

En d’autres termes n’est-ce pas une erreur de répondre sur le terrain de Soral – celui de l’interprétation des faits – car – si on adopte une position relativiste, comme le fait FD par ailleurs  – il sera toujours possible de prétendre qu’au minimum elles se valent toutes.

Alain Soral intègre un micro-événement  d’actualité à ses délires paranoïaques, est-il vraiment besoin de s’y attarder ?

X Sur le fond...

FD résume de façon assez exacte ce qu’il appelle   le «scénario politique»  et «package rhétorique» de Soral . Il voit là en ceux-ci une résurgence de ce que l’historien Zeev Sternhell a étudié dans plusieurs de ses ouvrages. 

Ce en quoi je l’approuve.

Pour ce que FD écrit à la suite  de cette juste dénonciation du «discours fasciste» de Soral, je suis beaucoup plus circonspect tant ses convictions militantes, à nouveau réaffirmées, semblent l’aveugler ; l’aveugler au point d’être incohérent. Mais mon but dans ce billet n’est pas discuter des idées de FD mais de faire prendre conscience à mes lecteurs en quoi la critique que FD croit implacable ne l’est pas.

Conclusion

FD nous fournit une conclusion à laquelle on ne pouvait que s’attendre étant donné ses référents culturels.  

Je crois qu'il ne faut pas conclure. 

5 commentaires:

  1. Merci pour cet article très intéressant et, précisément, respecteux d'un vrai débat !!! J'accepte vos critiques (mais reste sur ma position constructiviste et relativiste !!!). Par contre, concernant l'argument du nombre, je ne me plaçais pas dans le registre politique (je suis un défenseur de la démocratie directe, donc, nécessairement, d'une majorité) mais épistémologique...
    Par ailleurs, je vous assure ne pas avoir reçu votre mail !!!

    F. Dufoing

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour et merci de votre aimable commentaire.

      Si vous désirez poursuivre, je vous répondrai plus en détails plus tard

      Je n'ai ni implicitement ni explicitement parlé de "mail" pour la simple raison que ne connaissant absolument pas votre adresse-mail (La mienne est indiquée ci-dessus et ci-dessous ...) je ne vous ai pas envoyé de mail.

      J'ai, en réalité, écrit que je vous avais fait "parvenir le texte" (par un ami commun). Ce qui n’est pas la même chose.

      J’ose espérer que cet ami commun (Dont je tais ici même les initiales par discrétion) aura réellement cherché à vous contacter …

      Supprimer
    2. La discrétion n'est plus nécessaire aujourd'hui. Cet ami commun est Thibault Isabel ...

      Supprimer
  2. Dans la phrase qui commence par : « En réfléchissant à ce gloubi-boulga dialectique – preuve de la grande finesse sociologique de son auteur », le mot finesse est évidemment ironique, cher Mézigue (ou Tézigue) !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @ Anonyme 10 février

      Oui, vous avez parfaitement raison. Je me suis mal relu ... Désolé.

      C'est corrigé.

      (Et merci de m'avoir lu avec attention)

      Supprimer